Le premier confinement en réaction à la pandémie de Covid-19, au printemps 2020, a engendré une expérience inédite de l’habitat. Il a fallu, pour tout un chacun, répondre à deux nouvelles formes de pression : spatiale d’une part, imposée par les contraintes de son logement, mais d’autre part sociale, causée par l’isolement soudain de la structure familiale. Simultanément, il a fallu compenser le frein à la socialisation qu’imposaient les mesures sanitaires. Les individus ont investi de manière inventive leur logement, leur bâtiment ou leur quartier pour éviter le repli sur soi, en cherchant d’autres sphères de l’intime et du collectif : se pencher à sa fenêtre pour observer la rue, faire un concert au balcon, improviser une chorale avec l’immeuble voisin de fenêtre à fenêtre, installer quelques chaises sur son palier, distribuer des denrées à l’entrée du logement des personnes confinées, boire une bière à distance les uns des autres dans la cour de l’immeuble, faire une partie de tennis par terrasses interposées… Ces pratiques, des plus classiques aux plus créatives, ont en commun une même volonté, celle de rechercher la juste distance dans la relation à l’autre, la distance qui préserve la proximité sociale tout en assurant la distance physique nécessaire pour freiner la propagation du virus. 

Quels espaces ont été propices à cette quête ? Essentiellement ceux qui traduisent la limite entre soi et les autres : entrées, seuils, couloirs, fenêtres, balcons, loggias, mais aussi cages d’escaliers, paliers, toitures, cours intérieures, jardins, aménagements extérieurs à proximité des bâtiments, abords des rues… Des espaces intermédiaires ou des entre-deux, différents par leur statut, leur forme et leur expression, aux contours parfois flous. 

Le questionnement sur l’usage des espaces intermédiaires pendant la pandémie constitue l’ancrage du projet de recherche Entre-deux, l’habitat à l’épreuve du confinement . Fruit de la rencontre entre une architecte/juriste et une photographe/sociologue plaçant toutes deux l’humain au coeur de leur activité, ce projet, amorcé à l’été 2021, prolonge une recherche initiée depuis deux ans dans le contexte académique . C’est l’occasion de tester une nouvelle approche conceptuelle de l’espace intermédiaire, d’observer de manière empirique son fonctionnement et d’interroger son processus de production. 

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